Pourquoi les matins sont-ils si durs ? (( LIBRE ))

Je venais à peine de me réveiller. Me frottant les yeux encore à moitié fermés, baillant à m'en décrocher la mâchoire. J'étais presque somnambule à ce stade. Je maudissais les matins éternellement épuisants. Me frottant la figure d'une main ammitoufflée dans la manche de ma chemise longue. Je faisais un maximum d'effort pour tenir sur mes jambes sans me rendormir. Me donnant une bonne claque pour garder les yeux ouverts, me faisant passer pour une schysophrène par l'occasion. Pourquoi le réveil existait-il ???

Cela ne devait pas faire plus d'une ou deux semaines que j'étais vraiment inscrite dans le pensionnat... Et, pour conséquence, je ne me sentais pas encore tout à fait chez moi. Pour dire, c'est simple, mon chez-moi il a été réduit en vulgaire domaine hôtelier par ces foutus agents immobiliers !

Bref ! Mon but n'était pas de revisionner ma vie pourrie. Je voulais trouver quelqu'un à qui parler. Quelqu'un qui ne me verrait pas comme "la nouvelle de service", "la reine des bleus"... Moi, je voulais trouver quelqu'un qui pourrait me faire une petite place, me laisser me taper l'incruste quelque part pour mieux m'y retrouver. Quelqu'un qui deviendrait mon ami quoi ! Je me suis dit que je pouvais toujours espérer mais que j'allais ramer si je restais plantée sur mon lit comme un poirot !

Alors j'ai fait un petit tour de dortoir. Tout était presque vide d'ailleurs... Sans doute me fuyait-on. C'était même fort habituel pour moi. Eh oui ! A force de vivre dehors, dans un bois, sous la forme physique d'une minie panthère bleue... Oui, y a de quoi me fuir !

J'ai profité de ce vide pour m'assoir tranquillement sur un des appuis de fenêtres. Dès le premier coup d'œil je les aimées, ces fenêtres. Elles sont immenses, lumineuses, toujours parfaitement propres, et orientées sur une vue magnifique. Je regardais le paysage, presque envolée dans mes pensées. Ma vie d'avant n'était peu être pas si triste que ça finalement. J'avais les mêmes fenêtres chez moi, avant, quand mes parents étaient encore propriétaires... Perdue dans mon passé, je n'avais pas entendu que quelqu'un s'était approché...