[Terminé] Petites cachotteries [Noélia]

Depuis que l'importune Kiween l'avait surpris dans la forêt, Alec était quelque peu désemparé. Si une personne pouvait le trouver là-bas, d'autres le pourraient également. Il avait eu de la chance qu'elle ne soit pas du genre bavarde, sinon son secret aurait été éventé depuis un bon moment. Il lui fallait donc un autre lieu, plus discret, pour expérimenter sur le regalia.

Depuis quelques jours qu'il arpentait le pensionnat à la recherche d'un tel endroit, il n'avait rien vu de véritablement intéressant. C'était par cet après-midi ensoleillé qu'il avait décidé de se rendre aux cachots, certain que la plupart des pensionnaires seraient occupés à faire bronzette au soleil plutôt qu'à se balader dans des lieux sombres et humides.

Parfaitement à son aise dans ce lieu lugubre, le jeune homme examinait ses couloirs de pierre et ses cellules vides de tout occupant - quelques rats exceptés. On racontait qu'Orphan y envoyait parfois un étudiant insolent ou qui lui avait déplu, mais Alec n'avait jamais pu vérifier cette rumeur et la tenait donc simplement pour une légende urbaine. Pourtant... un léger bruit le détrompa. Pas le genre de bruit attribuable aux occupants à poils des cachots, mais à une créature plus grande et massive.

Curieux, il finit par se retrouver face à une cellule habitée, contre toute attente, par une élève qui ne lui était pas inconnue.
Sur le ton d'une personne trouvant presque cela normal, il lui demanda simplement :

« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es perdue ? »

Impassible, ses yeux se posaient sur tout son environnement, essayant de comprendre comment elle avait réussi à s'enfermer dans l'une des cellules. Il finit par laisser rapidement tomber et attendit plutôt qu'elle lui explique la raison de sa présence. Une Dawel chez Ifreann, ce n'était déjà pas banal, mais dans les cachots...

Amusant, sa première réplique n'avait pas été un appel à l'aide pour qu'il la sorte de là. Tant mieux, il avait deux ou trois choses à dire et à lui faire dire avant de la libérer... si c'était ce qu'elle voulait.

« Ce que je fais ici? Il semblerait que j'eusse été une vilaine fille... »

Il haussa les épaules, l'air indifférent. Elle racontait des craques et avait dû s'enfermer elle-même par inadvertance ou pour une quelconque raison stupide. Il y avait beaucoup de jeunes suicidaires de nos jours et celle-là travaillait déjà à s'affamer.

« Je dois te laisser enfermée alors ? »

Une pointe de malice au milieu de son indifférence affectée. S'éloignant un moment de la cellule, il revint avec une chaise et s'assit dessus. Il ne fallait pas négliger son confort, même dans un lieu comme celui-ci et, avec une tête de mule comme Noélia, il risquait d'en avoir pour un moment.

« Alors, mademoiselle la détenue, pourquoi êtes-vous en prison ? »

Ambiance de dernière entrevue d'une condamnée à mort. S'il en avait eu, il serait allé jusqu'à lui proposer une dernière cigarette, mais il tenait à rester en bonne santé et évitait donc de consommer toute drogue ou alcool en quantité excessive.
Sortant une bouteille d'eau de son sac, il en prit une gorgée et la posa près de lui, juste hors de portée de la jeune fille enfermée. Sadisme ? Exactement.

Alec n'avait jamais été du genre à baisser les bras quand il désirait quelque chose et toujours avoir un as dans sa manche était devenu une clé pour arriver à ses fins. Faire preuve d'une compassion exagérée l'aurait également desservi.

Apparemment, il était sérieux. Il allait rester là. Noélia fronça les sourcils et soupira, tirant sur ses chaines avec rage avant de baisser la tête. Il voulait jouer, ils allaient jouer. Or, la jeune femme n'avait pas vraiment pensé qu'elle n'était pas en pouvoir d'exiger quoi que ce soit. La poisse... elle ne supportait pas d'être inférieure à quelqu'un et malheureusement pour elle, cette situation refletait bien ce qu'elle détestait le plus. Elle le regarda dans les yeux. Il était vraiment mignon quand on y réfléchissait, dommage qu'il soit si arrogant.

Noélia grogna quand il prit une chaise pour s'installer. Ça se confirmait, c'était un véritable cauchemar. Mais pourquoi elle ? Pourquoi lui ? « Me laisser ici … ? » Quelle enflure. Si elle répondait oui, il allait vraiment la laisser moisir ici, et si elle répondait non, c'était sa fierté qui était en jeu. Elle plissa les yeux et lui fit un sourire adorablement faux, mais tellement innocent que le doute pouvait subsister sur l'intention qu'il cachait. « C'est à toi de voir mon coeur...  ~ » Elle allait surement y perdre, mais c'était plus fort qu'elle. Aaah quel malheur.

L'albinos ferma ses yeux écarlates à la vue de la bouteille d'eau. Sa gorge sèche lui faisait un mal de chien. A défaut de n'avoir jamais faim, elle buvait souvent. Et elle ne s'était désaltéré depuis la veille. « La raison est simple. Ton directeur est un sale connard susceptible. » elle le foudroya du regard. Des mots aussi vulgaires sortant de la bouche d'une aussi jolie fille faisaient contraste. Noélia se leva et se dirigea vers lui, le fixant en silence et quelques centimètres avant qu'elle ne puisse atteindre les barreaux, les chaines la retinrent. Elle poussa un cri de rage et recula pour croiser les bras. « J'ai soif. Sois un gentil et serviable garçon et fais moi boire. S'il te plait. » Ce dernier mot fut prononcé avec beaucoup d'effort.

Il émit un léger rire. Alors Orphan était réellement cinglé à ce point ? Il enfermait vraiment les élèves qui lui déplaisaient dans les cachots ? Alec se prit à songer un instant à ce qu'il ferait si cela lui arrivait et cela ajouta à son amusement. Il revint cependant à la demoiselle enfermée qui lui réclamait à boire.

« Pauvre petite créature enfermée injustement... »

L'ironie du ton était palpable, mais cependant, il se leva et ramassa la bouteille. Il s'approcha ensuite, la porta aux lèvres de sa "camarade de jeu", mais ne lui laissa boire que deux gorgées avant de la retirer.

« Tu auras le reste lorsque je serai satisfait. »

Lui offrir la bouteille, ç'aurait été perdre une parcelle du contrôle qu'il exerçait sur la situation et c'était absolument hors de question. Disposer d'un tel pouvoir sur autrui était grisant et il comptait bien en profiter au maximum sans pour autant tomber dans les extrêmes. Il n'y avait rien de pire que l'exagération dans ce domaine.

« Tu sais, Noélia... tu es vraiment une personne étrange. Enfermée dans un cachot et enchaînée depuis je ne sais quand, cela fait quelques minutes que je suis là et tu ne sembles même pas vouloir que je te sorte de là. »

Il laissa échapper un bâillement et se leva.

« Bon, c'est pas tout ça, mais je commence à m'ennuyer là. Je pense que je vais te laisser. C'est bête, si tu l'avais demandé gentiment, je t'aurais fait sortir... »

Sans plus un mot, il reprit ses affaires et s'éloigna lentement en direction de la sortie. Oh, il ne comptait pas vraiment s'en aller. Sauf si bien sûr elle ne marchait pas, alors il s'en irait bel et bien et reviendrait plus tard, dans une heure ? une journée ? Il hésitait encore.

En entendant sa dernière réplique, il s'arrêta et éclata d'un rire franc qui se répercutât dans les cachots. Elle en avait pour oser l'engueuler alors qu'il détenait le pouvoir sur elle. C'était une chose qu'il appréciait énormément chez une fille, le caractère ! Même si, dans le cas présent, cela confinait à la témérité.
Toujours à l'arrêt et toujours sans se retourner le moins du monde, indiquant qu'il pouvait toujours décider de reprendre sa route, il lui lança :

« Finis donc ta phrase. Que feras-tu ? »

Si Alec avait une faille, immense et omniprésente, c'était bien la curiosité. Il ne pouvait s'en empêcher, le savoir l'attirait et lorsque ça concernait l'être humain, c'était le bouquet.
La psyché humaine fascinait le jeune homme, il voulait la comprendre, en percer chaque secret, même si cela lui était impossible. Les rêves n'ont pas à être possibles, ils ne doivent servir qu'à nous faire avancer. Même si, dans le cas d'Alec, il s'agissait toujours du désir enfuis de tout contrôler autour de lui, comme si quelque chose dans son patrimoine ou son éducation le rendait prédisposé à l'ambition et la mégalomanie.

Recadrant ses pensées désordonnées, il songea à la captive, désormais sa captive dans les faits et jugea bon d'ajouter :

« Oh, et ce n'était pas ce que j'appelle "demander gentiment", mon cœur. »

Deux mots rares dans sa bouche, mais qu'il avait prononcé avec ces mêmes intonations malicieuses qu'au début de leur rencontre. Sur un ton proche de celui qu'elle-même avait employé pour les prononcer plus tôt.

Elle ne savait pas comment continuer sa phrase. Elle réfléchissait à une immensité de possibilités mais aucune ne lui semblait plausible ou même raisonnable, dans ce cas là. Il arborait une voix moqueuse, presque narquoise. Il détenait le pouvoir et il en jouait. Noélia détestait cela. Pourtant... il le méritait n'est-ce pas? Alors que pouvait-elle bien dire? Rien.
La jeune femme se mordit la lèvre inférieure à sang. Il ne daignait même pas se retourner pour admirer son chef d'oeuvre. « Je ne te souhaite pas de le découvrir en m'abandonnant ici. » Elle essayait désespérément mais sournoisement de le ramener vers elle, comme si elle eusse posséder un lasso invisible.

Noélia commençait à avoir mal à dos, à rester debout, le dos cambré par les chaines qui la maintenait immobile. Elle aurait pu reculer mais symboliquement, c'était impossible. Elle ne lâcherait rien ! Pendant quelques secondes, elle se demanda si mettre ses atouts en avant n'était pas une idée brillante. Celle-ci fut vite terni par le simple fait que physiquement, à part avoir un beau visage et des cheveux aussi longs que Raiponce, elle n'avait aucun atout : Pas de poitrine, pas de jolies fesses harmonieusement rondes. Car oui, elle n'avait rien d'une callipyge.

Elle baissa la tête, elle devait se faire une raison. Sa deuxième réplique l'acheva. Echec et Mat Noélia. L'albinos inspira profondément et soupira. « Ouvres la porte de la cellule Alec. S'il te plait. » Elle ajouta sur le ton du sarcasme, parce qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher. « tu serais un ange. » La demoiselle fit un grand sourire avant de grogner discrètement. Ce que c'était agaçant de perdre ! Mais bon, elle allait enfin sortir... du moins elle l’espérait vivement.

Il se retourna finalement et revint vers la cellule, un fin sourire étirant ses lèvres pour montrer qu'il n'était pas dupe. Restant tout de même bon joueur, il se pencha et examina la serrure, sortit ses clés et fit mine d'en chercher une et de l'introduire dans la fente dédiée alors qu'il matérialisait discrètement une création du Regalia dans ce but.
Sans surprise, le mécanisme émit un cliquetis et la poignée tourna dans sa main, libérant l'accès à la jeune femme attachée.

Son sourire s'élargissant quelque peu, il murmura d'une façon parfaitement audible, feignant de se parler à lui-même :

« Me voilà seul dans les cachots avec une charmante créature attachée et complètement à ma merci... hum, devrais-je profiter de la situation ? »

Il s'approcha plus près d'elle, lui tournant un peu autour, image d'une indécision pensive. Qu'allait-il bien pouvoir faire d'elle maintenant qu'elle était à sa portée, sans défense ? Les esprits s'enflamment déjà rien que d'y penser, ce serait oublier que notre protagoniste, bien que joueur, n'en reste pas moins un gentleman.

« L'ange que je suis se demande quelle sera sa récompense pour avoir libéré la jolie princesse des cachots de l'infâme directeur... Qu'en dis-tu ? »

Oh non, il ne s'empresserait pas de la délivrer, préférant faire durer le plaisir et profiter pleinement de cette situation à la fois rare, tendancieuse et plutôt amusante. De son point de vue, bien entendu.

C'était un vautour. Un prédateur vicieux qui tournait autour de sa proie. Noélia aurait du reformuler sa requête. Elle avait été stupide, c'était sa faute. Plissant les yeux, elle se demandait quand même comment il avait réussi à forcer la serrure si facilement. Il avait les clés depuis le début ? … impossible. Il devait y avoir un truc. Cependant elle ne pouvait réfléchir correctement avec ce personnage trop impudent, lui tournant autour comme si elle était comparable à de la simple viande fraîche.

La jeune femme fronça les sourcils. Qu'il en profite ? Qu'il essaye seulement. L'anorexique le foudroya du regard et recula jusqu'au mur pour s'y adosser. C'était agaçant à la fin de ne pouvoir le voir, elle avait besoin de fixer son adversaire dans les yeux pour faire ainsi, pression. Ça marchait ou ça ne marchait pas, après tant pis. Elle ne pouvait s'empêcher de s'empourprer quand il posait ses yeux cupides sur elle. Parce que sous ses airs de garçon brillant et cynique, il restait quand même mignons et ses charmes ne rendaient pas Noélia indifférente contrairement à ce qu'elle faisait croire. Tactique féminine pour se faire désirer, tout un art.

La demoiselle haussa un sourcil. Il voulait vraiment jouer... elle toussa en souriant pour lui répondre simplement. « Ce que tu veux. Mais évites de perdre du temps à réfléchir, je pourrais changer d'avis... » Retournement de situation ? Ou légère tentative ? Noélia secoua ses cheveux qui ondulèrent harmonieusement. Elle ferma les yeux pour lui faire comprendre que ce qu'il disait ne l'atteignait absolument pas. Enfin... encore une mesquinerie fielleuse ? « Après tout... c'est toi qui commande non ? » elle lui fit un petit clin d'oeil et un bisou voltigeur. Ah la la … Qu'est-ce qu'on s'amuse ~

S'il n'avait pas senti une pointe de sarcasme dans les propos de la belle, il aurait certainement jubilé, mais un jeune homme bien élevé ne se laissait pas aller à ce genre d'éclat inconvenant.
Sans un mot, il avança face à elle, à quelques centimètres d'un contact physique, proche, beaucoup trop proche. Il lui vola un baiser, furtivement, laissa glisser ses mains le long de son corps, remontant le long de ses bras jusqu'à ses poignets et lui murmura, suave :

« Au fond, tu aimes ça autant que moi... »

Un moment se passa, suivi d'un léger déclic, lui signalant sa liberté retrouvée. Un sourire d'Alec qu'elle ne vit pas sur l'instant, puis il recula d'un pas.

« Te voilà libre petite hirondelle, envole toi. Mais surtout n'oublie pas, tu as une dette envers moi. »

Nouveau pas en arrière, le jeu était-il fini ? Ou entrerait-on dans une nouvelle phase ? En tout cas, une chose était certaine :

« Un dernier conseil, je ne sais pas combien de temps on t'a laissée ici, mais je te recommande vivement d'aller prendre une douche. »

Clair et direct, mais pas dépourvu d'un soupçon de malice et d'exagération. Encore une fois, il s'amusait à ses dépends. Il l'avait sauvée d'un bien triste sort, après tout. S'il n'était pas passé par là, serait-on venu la chercher ? Orphan était-il assez négligent pour laisser mourir un élève dans ses cachots ? Quelqu'un veillait-il à l'entretien de temps en temps ?
Enfin, tout cela pour dire que ça valait bien quelques petits tours sans conséquences de sa part.

Noélia était mauvaise perdante. Ça oui ! Mais elle était également curieuse. Et Alec, dans toute sa splendeur éveillait chez elle bien plus que de la curiosité. Il arrivait à développer chez elle de l'intérêt. Il n'était pas beau parleur mais brillant. Aussi cynique qu'elle par moment, et ça l'amusait beaucoup. Peut-être un peu trop... audacieux ? La demoiselle frissonna quand il posa ses lèvres sur les siennes. C'était humain non ? Mais pour les sur-humains qu'ils étaient, ils ne se connaissaient pas assez. Mais il avait quand même réussi à la toucher là ou ça faisait mal. « Je plaide coupable. »

Elle ferma les yeux et quand elle fut enfin libérée. Ses poignets commençaient à souffrir... La demoiselle le regarda dans le blanc des yeux et afficha une expression blasée quand il lui fit une remarque blessante sur son odeur corporelle. « Dommage, j'avais l'intention de te sauter dessus pour t'embrasser, mais comme je pue, je vais me retenir. » Vexée comme un pou, elle lui tourna le dos en boudant. Il disait peut-être ça en plaisantant mais on ne plaisante pas sur ça avec une femme ! Non mais. Même les plus intelligents sont des crétins ma parole.

L'anorexique, sans se retourner se mit à réfléchir. Elle avait envie de percer ses secrets. Ce n'était pas un vampire, ni un métamorphe. Il se disait humain, il avait donc sûrement un pouvoir. Mais lequel ? Ah la curiosité maladive la démangeait plus que tout ! Elle avait ce désir secret de le percer à jour, de le coincer comme un rat. « Dis moi. Je ne connais rien de toi. Et si tu me dévoilais des choses... en contre partie, tu pourras peut-être gagner la chance d'apprendre à me connaître. » Bon d'accord, elle poussait peut-être un peu loin son narcissisme, mais c'était à prendre ou à laisser. Et Noélia ne proposait à personne ce genre de chose. Elle ne voulait pas connaitre les gens ni qu'eux en apprennent trop sur elle. C'était ainsi. Quelle chance il avait haha ! De toute façon... elle ne le lâcherait pas du semelle ce petit ifreann. Stalkeuse un jour, Stalkeuse toujours.

Aveu de son appréciation de leur petit jeu, suivi d'une tentative de le faire culpabiliser, elle était douée pour souffler le chaud et le froid. Il était allé trop loin en lui faisan ce commentaire, mais il tenait à connaître sa réaction. Et il savait qu'il pouvait se le permettre sans trop y perdre.

Ce qui le surpris, agréablement, ce furent les derniers propos de la frêle créature qui lui tournait toujours le dos. Ainsi elle était curieuse à son sujet et proposait de se dévoiler en échange ? Intéressant. Le prix à payer ne serait pas léger, mais en s'arrangeant pour ne donner que les réponses qui lui convenaient et poser les bonnes questions...

Puis, cela signifiait également qu'elle lui portait plus d'intérêt qu'au quidam moyen. Une nouvelle qu'il ne savait trop comment prendre. Cela lui plaisait, assurément, mais au-delà de ça ? Alec n'avait jamais été très branché "introspection sentimentale", il était du genre à agir, pas à se regarder le nombril en essayer de faire des rimes.

« Je pourrais refuser, mais je serai bon gagnant. »

Il consulta sa montre, tentant de se remémorer son emploi du temps et poursuivit quelques secondes plus tard :

« Retrouvons-nous ce soir, à la terrasse du café, alors tu sauras ce que tu veux savoir. »

Une promesse qu'il serait certainement néfaste de tenir parfaitement, mais il aviserait le moment venu. Avoir un temps d'avance était bien, mais trop planifier finissait par vous enfermer dans un carcan. Aspect positif de la chose : cela lui donnerait le temps de prendre une douche et, il l'espérait, de manger quelque chose. Concluant, il s'approcha de nouveau, déposa un baiser dans sa chevelure quelque peu malmenée par son séjour en ces lieux sordides et précisa :

« Je t'envoie un texto avec les détails dans une petite heure. »

Ayant terminé, il s'éloigna calmement, lui laissant le temps de digérer tout cela et de s'en aller à son rythme. Visiblement, elle était tout à fait capable de rebrousser chemin seule et il sentait que cela l'aurait vexée qu'il propose inutilement de la porter.