Music theme.Le temps seul peut prouver qu'un homme est juste, tandis qu'un jour suffit pour connaître le perfide.Il n'avait jamais trop apprécié de vivre dans ce village perdu. Le malaise s'était installé depuis sa prime enfance, il se sentait trop... entouré. Son père, sa mère, sa soeur, son cousin... Il n'y avait quasi plus un moment où le jeune irlandais à la chevelure de flammes se trouvait en solitaire. Pourtant, il aimait bien ça, quand les autres n'étaient pas intéressants. Et entre son idiot de cousin et sa soeur facile à martyriser, il n'y avait aucun plaisir au jeu. Et ces deux idiots qui passaient leur temps à se bécoter...ça l'agaçait. Vraiment. Alors il calmait bien davantage ses nerfs sur sa frangine. L'amour c'est idiot. C'est inutile. Maël n'avait jamais été amoureux. Maël ne se préoccupait des sentiments, c'était trop envahissant. Maël n'avait pas de coeur. Le rouquin n'aimait que la Lune. Étrangement, elle le fascinait, elle avec ses formes changeantes, elle qui éclairait les nuits, elle qui dominait le ciel et la Terre par son regard sévère. Il arrivait souvent au jeune garçon de se lever la nuit pour observer l'astre lunaire, quand il n'y avait pas trop de brouillard dans le ciel d'Irlande. Et puis, c'était tout.
L'aîné de la famille n'avait jamais trop aimé ses géniteurs, il ne supportait particulièrement pas son père. Pour Maël, ce dernier était déçu de lui, et vexé, le fils lui faisait ressentir sa frustration par de grandes crises, sans vergogne. Cependant, l'enfant avait toujours beaucoup apprécié sa mère. Au fond de lui. Tout au fond. Mais il ne prouvait jamais cet amour. Il en était incapable après tout. Pour ce qu'il était de sa soeur... Il la détestait presque autant que son père. Elle traînait toujours dans les pattes de tout le monde, quémandant tel un petit chien les faveurs de la famille. Et elle obtenait ce qu'elle souhaitait, évidemment. Maël enrageait particulièrement, jaloux de l'attention que lui portaient les parents, surtout sa mère. Il se montrait ainsi rarement agréable avec la jeune fille. Non.... Il ne se montrait JAMAIS agréable avec elle. De tout ses souvenirs, il n'avait jamais offert un baiser ou une étreinte à la fillette. De toute façon, même gamin, il n'avait jamais accepté sa naissance. Il ne pouvait pas concevoir que ses géniteurs s'occupent davantage de cette petite chose qui devait être sa cadette que lui-même. Et plus le temps passait, plus une haine dévastatrice s'encrait dans son coeur de jeune garçon.
La rancoeur qu'il éprouvait pour son cousin était toute autre. Elle ne s'est instaurée que plus tard, dans le début de l’adolescence de Maël. Premièrement, ce crétin était tombé amoureux de sa soeur. Non pas qu'il voulait protéger celle-ci mais sa fierté le poussait à empêcher cet amour. A moins que c'était juste pour enquiquiner le monde. Oui, peut-être. Franchement, il n'y a que les faibles qui peuvent se laisser débaucher par le sentiment de l'amour. Et les faibles, Maël n'aimait pas ça. Qu'ils aillent tous se faire voir. Le monde appartenait à ceux qui étaient puissants.
•••
Rien n'est blessant comme un reproche injuste.«
MAIS LAISSE DONC TA SOEUR TRANQUILLE A LA FIN, BON A RIEN ! »
Bon à rien. Mais qu'il aille donc se regarder dans un miroir cet espèce de vieux croûton idiot... Maël détestait les réprimandes de son père. Ses pensées se traduisaient parfaitement dans le regard noir qu'il lançait à l'adulte. Pas question de baisser les yeux face à son autorité. Il ne baissait jamais les yeux. Trop fier. Trop dominant. L'homme face à lui préparait le repas de noël, donnant dans la dinde des coups de couteau nerveux. Si seulement il pouvait se taire... Si seulement il pouvait cesser...
«
MAIS QU'EST CE QUE J'AI FAIT POUR MÉRITER UN FILS PAREIL ?! ET BAISSE LES YEUX QUAND JE TE PARLE ! »
La lueur de défis se fit bien plus nette dans les prunelles orangées du jeune garçon. Il n'obéit pas. Pas question. Bien que la remarque fut comme un coup de poignard au coeur, pourfendant sa fierté de toutes parts. Si seulement il pouvait cesser de crier... Si seulement il se plantait ce couteau quelque part. Si seulement ces cris de mépris pouvaient être changés en cris de douleur... Si seulement...
«
TU N'ES VRAIMENT QU.... ARRRGH..! »
L'homme venait de se planter le couteau dans la main. Il saignait. Il criait. Et Maël laissa un sourire flotter sur ses lèvres, une vague de joie le traversant. Son père releva un regard vers lui dans sa souffrance et une lueur de peur traversa ses iris. Cela ne fit qu'exalter davantage le fils, alors qu'il le fixait avec une attention perverse. Il souffla d'un ton doucereux, sans réaction impulsive.
«
Tu aurais dû faire attention au lieu de t'occuper de moi... »
Il tourna les talons et s'en alla. Simplement. Abandonnant son père à l'agonie. Il meuglait comme un boeuf blessé. Bien fait pour lui, ça lui apprendra à l'insulter. Personne n'avait le droit de le juger, surtout pas l'imbécile qui avait contribué à lui donner le jour. Il le haïssait. Il s'enferma alors dans sa chambre, pour réfléchir.
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Ce qu'on cherche, on peut le trouver; mais ce qu'on néglige nous échappe.Maël ne prit conscience de ses pouvoirs que peu de temps après. Il testait sur sa soeur son contrôle du corps. L'année qui suivit le
tragique accident fut pour le jeune Marionnettiste un plaisir fou. Il faisait ce qu'il voulait avec qui il voulait. Il se sentait encore plus fort. Dominant. Puissant. Et ce pouvoir le détruit complètement. Ce qui l'a rendu complètement fou, c'est cette personne dont il était amoureux. Peu importe de savoir qui était-ce. Il utilisé son don pour lui dérober un baiser, et elle s'est mise à le haïr. Il s'en est voulu, vraiment, il ne comprenait pas pourquoi cette réaction de la part de ladite personne. Il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas contrôler ses sentiments, son esprit... Il se sentait faible, horriblement faible, et seul. Ce fait le renfrogna bien plus... Il ferma son coeur à autrui, même s'il n'a jamais vraiment été ouvert, et s'interdit tout sentiment à l'égard de l'espèce humaine. Exceptée sa mère qu'il couvait d'attentions discrètes. Oui, elle seule n'a jamais été sous l'emprise du pouvoir de son fils.
Son esprit et son coeur furent brisés lorsqu'elle lui annonça qu'il devait quitter la maison pour partir dans un étrange pensionnat. Loin. Très loin. Et seul. Il réprima toutes ses émotions pour obéir à sa mère. A l'âge de quinze ans il quitta le village pour se retrouver au Pensionnat Deane.
Il entra bien évidemment dans le clan Ifreann.
A ses dix-huit ans, il s'offrit un message indélébile sur le corps. Une phrase bien significative sur le bas dos; « Love Is a Force You Can't Control » et un signe de l'infini sur l'intérieur de son index. Lui seul peut comprendre la symbolique de ce signe ci.
Et c'est tout.