EVENT PREMIER TOUR. [Alec & Destiny] [TERMINÉ]

A la demande d'Orphan, il s'était levé, égrainant les marches vers le le centre d'une allure proprement royale. Vibrante incarnation de l'orgueil souverain, il prenait pertinemment son temps pour descendre afin de faire durer le spectacle. Lui aussi savait se montrer théâtral.

D'un geste à la négligence calculée, il ramassa une épée qui traînait, la soupesa et sauta finalement d'un bond félin dans l'arène. Pendant tout ce temps, son visage avait gardé cette expression d'ennui profond qu'affiche celui qui sait les difficultés trop mineures pour même le faire suer.

Prenant encore la mesure de son arme, il fit une ou deux passes avant de la faire virevolter devant lui à la manière d'un artiste martial plus doué qu'il ne l'était. Elle était plus lourde que les sabres d'escrime auxquels il était habitué, mais il pensait pouvoir s'en sortir efficacement. Satisfait, il adressa à sa future victime, sans même lui adresser un regard, un conseil fort avisé :

« Il est encore temps d'abandonner. »

Orphan s'était moqué de lui en lui opposant une pauvre fille apeurée et perdue. Il en faudrait plus pour qu'il en vienne à employer le Regalia.

Elle avait porté le premier coup, un risque calculé. Alec ne serait pas arrêté par une si petite blessure, déjà réduite par le lourd manteau qu'il portait. Manteau dont il choisit justement de se départir, le laissant glisser de ses épaules pour dévoiler une tenue plus appropriée au temps clair et vaguement chaud de cette belle journée. Il ne portait, en effet, qu'un simple t-shirt moulant, dévoilant avantageusement sa fine musculature et un jean's des plus basique que venaient compléter une paire de baskets, le tout d'un noir d'encre.

Sa lame fermement tenue en main droite, il attendit le second passage de son adversaire, déjà mise en confiance par cette victoire facile qu'il lui avait accordée. Le moment venu, il fit mine de se baisser dans une esquive maladroite et l'enveloppa dans le vêtement qui traînait à ses pieds - en usant comme d'un filet - laissant son élan faire le reste, à savoir faire la douloureuse rencontre d'une des parois de l'arène.

Il fit deux pas en arrière et parla à nouveau :

« Et maintenant... l'aile ou la cuisse ? »

Le choc avait été rude, et bien qu'il ne plaisanta qu'à moitié avec sa réplique, il fut surpris de la voir émerger. Sous forme humaine et nue, qui plus est. Bon, bah son manteau ne serait pas perdu pour tout le monde.
Il se concentra sur ses mouvements après l'avoir laissée se rhabiller un minimum, attendant l'attaque suivante, mais contrairement à ce qu'il s'attendait à voir - ou plutôt entendre -, l'attaque fut sonore.
Un réquisitoire, mené contre le dirlo, Ifreann et pour finir lui-même. Bien que le début l'ait fait sourire, ce fut un grand éclat de rire qui salua la fin de la tirade. Et, une fois calmé, ce fut au tour d'Alec de répliquer.

« Bien que je sois plutôt d'accord avec les points qui concernent notre chers directeur (puisse son âme brûler éternellement en Enfer) et que notre maison ne soit pas réputée pour sa tendresse, je me vois obligé de corriger un point précis. »

Il laissa planer un silence, fit un pas en avant et pointa sa lame dans la direction de la jeune femme, l'air accusateur.

« De nous deux, c'est toi qui a attaqué la première. Je n'ai fait que riposter à ton assaut et si tu t'en souviens, je t'ai même donné l'occasion de t'en sortir en abandonnant. Si tu n'es pas assez forte pour assumer une fois dans l'arène, alors pourquoi viens-tu y traîner ? »

Des larmes et une nouvelle tirade sur l'absurdité de cette épreuve. Même s'il devait convenir du fait que tout cela était d'une absurdité sans nom et ne devait servir, dans l'esprit des directeurs, qu'à prouver la prétendue supériorité d'Orphan sur sa sœur.
Alec poussa un profond soupir, comment argumenter avec ce genre de personne dont les propos n'était pas totalement faux et qui, en prime, fondaient en larmes ?

« C'est bien triste pour toi, mais malheureusement, cette arène est à l'image de la vie, dure, cruelle, impitoyable. Certains pensent qu'il s'agit d'un simple affrontement où la force, la puissance de nos dons, nos talents ou notre ruse sont mesurés. A mes yeux, tout cela n'est qu'un emballage. Ce que nous faisons ici, c'est une épreuve de volonté, comme chaque jour de notre vie. Ce n'est pas le plus fort qui l'emporte, mais le plus persistant, celui qui s'accrochera avec hargne pour atteindre le sommet. En cela, même le vainqueur de tels jeux barbares mérite le respect. »

Il laissa tomber sa lame qui alla se ficher dans le sol et porta son regard vers la loge où résidaient les directeurs et le reste du staff.

« Comme je l'ai dit, ceci est une épreuve de volonté et mon adversaire n'a plus aucune volonté combative. Je demande donc que la victoire me soit accordée... »

L'art de permettre à son adversaire d'arrêter les frais tout en avançant d'un pas vers la victoire. Avait-il calculé chaque mot, chaque phrase, dans ce but ?

Orphan avait vraiment l'art d'emmerder les gens jusqu'à la dernière seconde. Soit, Alec se montrerait encore une fois plus malin que lui, ce ne serait ni la dernière, ni la première fois.
Calmement, il se dirigea vers son adversaire, ne montrant aucun signe de l'usage d'un quelconque don et n'ayant pas fait mine de reprendre son arme. Arrivé à sa hauteur, il lui murmura quelques mots :

« Désolé, ça va faire un peu mal, mais tu t'en remettras vite. »

Il passa rapidement sa main sur la déchirure du manteau qu'elle portait à présent, renvoyant à sa propre blessure à l'épaule et une blessure apparut dans la chair exposée, commençant à saigner doucement. Il riva son regard sur celui d'Orphan, laissa échapper un « Voilà » suffisamment audible et se dirigea vers la sortie.

Alec était plutôt satisfait de son petit tour de passe-passe, manifester un minuscule poinçon entre ses doigts, absolument invisible sans une observation attentive d'une personne située à proximité, s'en servir ensuite pour perforer la chair de sa victime puis le faire disparaître... Comme cela devait être insatisfaisant pour son cher directeur et incompréhensible pour ses camarades situés dans les gradins. Il en aurait presque sourit.